Cantharides nocturnes à identifier et brûlures

Bonjour à tous

Je me permets d'ouvrir un nouveau sujet, n'en trouvant pas sur cette question...
(Si mon post fait doublon, un modérateur pourra-t-il le faire migrer au bon endroit?)

Durant cette semaine-ci passée dans les Vosges (Le Tholy, Gerardmer et les alentours, Haut du Tôt, etc), nous avons fait la connaissance, ma compagne et moi, avec ce que je prenais pour d’inoffensifs téléphores. Ces cantharidés volaient dès de la tombée de la nuit, une demi-heure à une heure après le coucher du soleil, attirés par dizaines par la lumière et, visiblement également par la sueur. Les individus qui se sont retrouvés au contact de la peau dans les plis des oreilles ou sous les vêtements, ont provoqué des ampoules. Si celles-ci s'ouvraient, cela entraînait des plaies semblables à des brûlures au second degré. Les ampoules restées intactes se sont simplement résorbées sans conséquences au bout de deux ou trois jours.

Nos recherches sur le net nous menaient à la cantharide officinale, mais les photos ne correspondent pas avec "nos" insectes : ces derniers ont la tête, le thorax, l’abdomen et les pattes orangés, et les élytres anthracites légèrement bleutés dépassent de l'abdomen.

Quelqu'un peut-il(elle) nous aider à déterminer l'espèce et nous informer sur le caractère fréquent ou non de sa présence en France, et - enfin - si tous les cantharidés provoquent ce genre de lésions? (La photo n'est pas top, faute de lumière; j'aurais dû prélever des spécimens)



Merci d'avance.

Ça ressemble à un Ragonycha...

Bonjour,
Oedemeridae genre Nacerdes pour moi
Pascalou

Ah oui, tu as raison, je suis allé un peu vite, Nacerdes est mieux !

Bonjour

Merci pour vos réponses.

Voici une photo un peu (mais juste un peu) plus nette prise par ma compagne



Et les ampoules provoquées par le contact de l'insecte avec la peau (la deuxième a été prise le troisième jour, en phase de résorption)



Pouvons-nous confirmer Nacerdes carniolica?

Oui, Narcedes carniolica pour moi aussi, mais je suis très surpris que ce soit la raison de tes brûlures, d'autant que ça ne ressemble pas trop à une réaction allergique comme ça (mais je n'y connais pas trop dans ce domaine). J'en ai déjà tenu entre mes doigts sans problème pour ma part (même si beaucoup moins souvent que d'autres Oedemeridae, et pas forcément dans la durée).
Après, je ne sais pas si cette espèce en particulier peut éventuellement sécréter une substance fortement irritante voire corrosive comme ça peut être le cas d'autres coléoptères (comme les carabiques bombardiers).

Ces cloques me font penser à ce que j'ai parfois quelques jours après un très gros coup de soleil. Il ne faut pas chercher tout simplement de ce côté-là (surtout ces derniers jours de forte chaleur) ? J'ai aussi parfois déjà eu ce genre de choses lors d'une gros griffure (large et profonde) de ronce par le passé.

inachis ax a écrit:

Oui, Narcedes carniolica pour moi aussi, mais je suis très surpris que ce soit la raison de tes brûlures, d'autant que ça ne ressemble pas trop à une réaction allergique comme ça (mais je n'y connais pas trop dans ce domaine). J'en ai déjà tenu entre mes doigts sans problème pour ma part (même si beaucoup moins souvent que d'autres Oedemeridae, et pas forcément dans la durée).
Après, je ne sais pas si cette espèce en particulier peut éventuellement sécréter une substance fortement irritante voire corrosive comme ça peut être le cas d'autres coléoptères (comme les carabiques bombardiers).

Ces cloques me font penser à ce que j'ai parfois quelques jours après un très gros coup de soleil. Il ne faut pas chercher tout simplement de ce côté-là (surtout ces derniers jours de forte chaleur) ? J'ai aussi parfois déjà eu ce genre de choses lors d'une gros griffure (large et profonde) de ronce par le passé.

Merci Inachis

Mais si : au delà du fait que je ne souffre (à ma connaissance et à ce jour) d'aucune allergie, que je n'avais pas (encore) pris de coups de soleil et que les griffures de ronces, en un peu moins de 20 ans de métier à travers bois et d'années de jeux dans les bois avant ça, je connais, ce sont bien les contacts de l'insectes coincé sous les vêtements ou malheureusement écrasés pour s'en défaire suite à la sensation de brûlure qu'il provoquait que les lésions sont apparues.

Nos recherches sur les insectes que je présumais comme des téléphores nous avaient amenés à la cantharidine, et le nombre incroyable d'insectes qui en produisent.

J'ai entre autre trouvé ceci sur insecte.org, grâce à votre aide pour l'identification :

Sujet : [Nacerdes (Xanthochroa) carniolica] Attiré par un BBQ

Citation :

alainroujas  dimanche 11 août 2019, 11:20

j'ai vécu ma première expérience de brulure avec cette espèce
j'en ai un qui m'est rentré dans l'oreille et en le retirant je l'ai un tantinet écrasé
bien mal m'en a pris
j'ai eu une brulure dans l'oreille qui a duré une bonne semaine

Citation :

jean-claude jamoulle  dimanche 11 août 2019, 13:01

tu as sans doute été brûlé par la cantharidine un produit vésicant utilisé en pharmacie comme rubéfiant (il y a longtemps). Il est produit surtout par les Meloidae mais aussi par d'autres espèces comme moyen de défense vis à vis des prédateurs.

Sujet : Coléoptère urticant

Citation :

Piezo  vendredi 26 juillet 2013, 8:35

Je cite ce bon Vazquez (European fauna of Oedemeridae) :

"The species of the European fauna where the presence of cantharidin has been verified are Nacerdes melanura (Moore & Brown, 1989), Oedemera femorata, 0. flavipes, O. lurida (Frenzel & Detner, 1994), Chrysanthia geniculata and C. viridissima (Young, 1984)."

FRENZEL, M. & DETNER, K, 1994. Quantification of cantharidin in cantharidophilous Ceratopogonidae (Diptera), Anthomyiidae (Diptera) and cantharidin producing Oedemeridae (Coleoptera). J. Chem. Ecol., 20(: 795-1812.

MOORE, B. P. & BROWN, W. V., 1989. Graded levels of chemical defence in mimics of Lycid beetles of the genus Metriorrhyncus (Coleoptera). J. Aust. Ent. Soc., 28: 229·233.

YOUNG, D. K., 1984a. Cantharidin and insects: an historical review. Great Lakes Entom., 17(4): 187-194.

J'ai également lu que les vésicules (ampoules) se manifestent tout le long du parcours de l'insecte piégé sous un vêtement, ce que l'on peut voir sur la troisième photo de mon dernier post...

Merci en tous cas à tous de m'avoir permis d'identifier l'insecte et de me rendre compte de sa répartition européenne, et de voir qu'elle serait (pour l'instant en tous cas) absente en Belgique :

Merci pour l'info, je ne connais pas ce fait pour cette espèce. Il faut sans doute qu'elle soit un minimum écrasée pour qu'elle libère cette substance. Je connaissais la cantharidine pour des espèces de la famille des Meloidae, mais ne pensais pas qu'il y en avait chez les Oedemeridae (d'ailleurs ça ne concerne a priori pas les Cantharidae malgré son nom).

Dans un même style il faut aussi se méfier des Paederus, éviter de les écraser, même pour les espèces françaises, on a chaque années quelques cas de dermatites...

Bonjour, Je suis plus botanique qu'enthomologiste, et ces cloques me font beaucoup penser à des brûlures lié au contact de certaines ombellifères (panais, même sauvages, persil, berces ou autres). Lorsque ces plantes sont en fleur ou même lors de leur deuxième année de vie (bisannuelles), le contact des feuilles, tiges, graines vertes, etc.) provoque de telles lésions surtout par temps ensoleillé. Les cloques peuvent arriver 24 à 48h après le contact.

Cela provoque de belles démangeaison puis disparait en quelques jours. Ne vous seriez vous pas "frotté" à de telles plantes lors de balades ou dans un jardin?

Bonjour Luc

Ni entomologiste ni botaniste, je suis forestier. Curieux et désireux de connaître le nom de ce que je vois, je me considère sans prétention comme un spécialiste de rien, mais un généraliste correct.

Je connais les risques avec certaines apiacées : nous luttons contre la berce du Caucase dans notre coin, j'ai donc très vite été informé de ses sucs provoquant des lésions photosensibes.

Le doute n'est pas permis ici : nous avions l'insectes sur nous, nous sentions les brûlures lorsqu'ils étaient coincés dans nos vêtements ou le pli de l'oreille, et les lésions se sont formées là où nous en avions maladroitement malmenés.

Je m'en vais dans l'Allier ce matin, j'ai vu la phénologie de vol et la répartition géographique de la bête, ça promet...

OK, C'est juste que cela y ressemblait bcp et ne semblait pas avoir été envisagé. La piste apiacée est donc définitivement clause.
Merci pour toutes vos connaissances.